Chorale en entreprise – quel intérêt ?

En passant

Source (traduction) :

*Kreutz, G., Bongard, S., Grebe, D., Rohrmann, S. & Hodapp, V. (2004). Effects of choir singing or listening on secretory IgA, cortisol, and emotional state. Journal of Behavioral Medicine, 27(6), 623-634.

Le chant  – un outil complet pour apporter à la fois bien-être individuel et cohésion sociale

Les vertus du chant sont très nombreuses et ne sont plus à démontrer, aussi bien sur le plan individuel qu’au niveau collectif.

Santé :
• Un anti-dépresseur naturel. Comme les activités sportives, le chant libère lui aussi la sécrétion d’endorphines (« l’hormone du bien-être »), favorisant ainsi la constance de l’humeur.

• Un immuno-stimulant. Selon une étude allemande réalisée en 2004 par l’Institut musical de l’Université de Frankfort*, le chant provoquerait également une augmentation du taux d’immunoglobuline, ce qui aurait pour effet de renforcer les défenses naturelles de notre organisme et donc d’améliorer notre résistance aux maladies)

• Une meilleure circulation des énergies grâce à la propagation vibratoire du son dans tout le corps.

Bien-être et développement personnel :

• Auto-gestion du stress. Chanter nécessite avant tout d’apprendre à respirer. Enfant, nous savons parfaitement le faire, mais à l’âge adulte, avec le stress quotidien, nous prenons de plus en plus de mauvais réflexes, comme celui de respirer avec le haut des poumons (respiration dite « haute »). Cela réduit significativement la course du diaphragme et peut créer ce que nous appelons communément la « boule dans le ventre ». En apprenant la respiration  ventrale, nous rétablissons le mouvement naturel du diaphragme et procurons une sorte de massage de la zone du plexus, particulièrement sensible au stress.

• De plus, en faisant descendre le diaphragme, nous augmentons la capacité respiratoire de nos poumons et oxygénons notre corps et notre cerveau de manière beaucoup plus efficace.

S’en suivent :

• une réduction des tensions dans le corps,

• une meilleure oxygénation du cerveau, donc une meilleure concentration et une meilleure gestion des émotions.

• ces améliorations nous permettant de reprendre le contrôle sur nous-mêmes et sur notre façon de gérer les événements et les taches, elles génèrent à leur tour une augmentation de la confiance en soi.

• Exercice de la mémoire. Chanter fait appel à différents types de mémoire : mémoire du corps mais aussi mémoire des sons, des textes. Chanter nous réinscrit donc dans un processus d’apprentissage permanent, qui ne peut qu’améliorer les performances du cerveau.
• Le chant est une activité qui fait appel aux sensations mais aussi aux émotions. Elle stimule donc principalement le cerveau droit, qui est aussi l’hémisphère de l’intelligence émotionnelle et de la créativité. Le chant libère donc le potentiel d’innovation des salariés.

Pratiqué en chœur, le chant est une expérience forte et fédératrice qui permet :

• à chacun de trouver sa place dans le groupe : se faire entendre mais aussi savoir écouter les autres

• de développer sa capacité d’adaptation à son environnement

• de mettre en valeur la personnalité de chacun mais aussi la force du groupe

• prendre du recul sur soi, savoir ne pas se prendre au sérieux

• rétablir la confiance entre les salariés et l’esprit d’équipe, retisser le lien social

• renforcer le sentiment d’appartenance au groupe et la motivation collective

• ouverture d’esprit (utilisation très large des possibilités de la voix, en faisant toujours appel à sa créativité et à sa curiosité)

Pour all plus loin, voici un site en allemand :

http://www.europeanchoralassociation.org/fileadmin/redaktion/Dateien_Europa_Cantat/Research_documents/singen_ist_so_gesund_wie_Medition_DCV.pdf

« Interview autisme, handicap » Radio Club Altitude 28/5/13 avec Alexandra Chaintreul

http://www.clubaltitude.fr

Si vous êtes là aujourd’hui c’est pour parler principalement de votre travail avec des personnes autistes. Pour commencer, est-ce que vous pouvez nous dire ce qui vous a donné envie de faire ça ?

Il y a deux ans au Conservatoire de Bourg-en-Bresse, j’ai eu dans ma classe de piano un élève qui s’est avéré être autiste. Je me suis très rapidement rendu compte qu’avec une formation « traditionnelle », je ne pouvais pas du tout travailler avec lui. Il fallait déjà connaître son fonctionnement. Sauf que le fonctionnement des enfants autistes n’a rien à voir avec celui d’un enfant ordinaire !

Alors que je cherchais de l’aide, le directeur du conservatoire m’a mis en contact avec Alain Goudard, le fondateur des « Percussions de Treffort ». C’est un ensemble professionnel de percussionnistes qui associe des musiciens en situation de handicap et des musiciens valides. Grâce à cet ensemble, Alain Goudard avait déjà une longue expérience dans ce domaine. Ensemble, nous avons eu l’idée de créer carrément un groupe de travail autour du suivi des élèves en situation de handicap dans des conservatoires avec 3 à 4 autres professeurs dans la même situation que moi. Parallèlement, j’ai fait des recherches pour trouver une formation qui concerne plus précisément l’enseignement du piano. Et j’ai trouvé à Paris l’endroit qui a changé ma vision de professeur et m’a confirmé que, oui, l’enseignement de piano à des personnes atteintes d’autisme est possible, et qu’il fallait absolument que je fasse cette formation !

Vous avez reçu une formation particulière ?

Oui, dans le centre musical pour personnes autistes de l’association APTE (Autisme, Piano et Thérapie Éducative) à Paris. Cette association a été fondée en 2006 par Françoise Dorocq, aujourd’hui la présidente. Elle donne non seulement des cours de piano aux enfants autistes, mais elle forme aussi – et ça, c’est formidabledes professeurs. Et en plus, elle s’engage auprès des élus et directeurs pour créer des classes spécialisées dans les écoles de musique et les conservatoires. Elle a initié et formalisé la « Méthode Dolce » avec laquelle le professeur guide et accompagne l’élève « en douceur » . Elle peut également être appliquée à des enfants atteints de trisomie ou d’un autre handicap, mental ou psychique, car ils ont pratiquement tous un problème avec leur corps. La pratique pianistique peut les aider à se le réapproprier et à retrouver des sensations si on peut aller jusque là…

Pendant cette formation, j’ai appris tout ce dont on a besoin pour travailler avec ce public bien spécifique : connaître le fonctionnement de ces élèves, savoir présenter des consignes courtes, claires et précises, pour que les élèves les comprennent et les exécutent, savoir quand on peut aborder cette sollicitation cognitive, acquérir les connaissances demandées pour progresser dans cet apprentissage, savoir quelle est la limite de ces demandes, savoir quelle pédagogie utiliser et évidemment comment l’encourager ! De plus, la formation a ouvert ma curiosité pour aller plus loin et faire le lien justement avec d’autres handicaps.

Je m’aperçois que c’est vraiment indispensable d’être formé, et je suis très contente d’avoir eu la chance d’ouvrir mon enseignement à ce public-là. Je constate même une influence positive sur l’ensemble de mon travail et me sens plus sensible encore au fonctionnement de chacun de mes élèves « ordinaires » (l’enfant autiste est un enfant « extra – ordinaire »).

Qu’est-ce que la pratique du piano peut apporter à une personne autiste ?

La pratique du piano peut surtout apporter une amélioration de sa capacité de concentration. Au début, il se concentre quelque minutes, la fois d’après encore plus longtemps etc. On a constaté que des synapses dans le cerveau, qui sont peu ou pas du tout sollicitées à cause de l’autisme, peuvent se réactiver. Peu à peu, l’enfant va gagner en confiance avec chaque obstacle surmonté ! C’est très important la confiance en soi.

Il n’y a que des bienfaits, car on valorise cette personne ! On ne cherche pas ses défauts, mais ses compétences et il y a en souvent d’insoupçonnées, des compétences incroyablement riches.

En tant que professeur, à travers la musique, on les aide à avancer dans leur vie : à communiquer, à agir, à prendre conscience de leur personne. La musique peut ainsi sortir l’autiste de son isolement et elle permet de partager aussi des émotions, son « rire » sans dire un mot !

Apprendre à jouer du piano, c’est aussi pour eux un moyen d’accéder à l’art, à la culture, à la musique. Je parle de la musique qu’on joue, qu’on fabrique nous même avec notre âme.

De plus, jouer du piano stimule son audition et fait travailler la mémoire à court et à moyen terme avec des chansons qu’il apprend…

Ces enfants ne sentent pas leur corps comme nous. Jouer du piano leur permet de prendre conscience qu’ils ont un corps avec des doigts, des mains et des bras. Et c’est eux qui jouent une musique qui sonne bien, agréablement à l’oreille. De plus, la pratique du piano permet d’exercer la mobilité des doigts et donc les fait progresser dans la psychomotricité et l’agilité des doigts.

Comment se déroule un cours ?

Déjà il faut entrer en contact avec l’élève, car les autistes évitent souvent le regard. Mais obtenir ce regard ouvre notre porte à l’interaction et permet le démarrage de l’apprentissage. Tout cela est très très complexe, mais il faut leur donner une sécurité et leur faire sentir qu’on les aime et qu’on croit en eux !

Concrètement, le cours dure 30 minutes et l’enfant reste seul avec moi, sans ses parents. Par contre, je prends des nouvelles de la semaine, puis je le remmène en échangeant quelques mots avec les parents.

L’idéal est une salle neutre avec uniquement le piano : toujours le même lieu, les mêmes habitudes, pour pas être perturbé par un seul détail. Il faut éviter au maximum les sollicitations extérieures. Pour l’horaire du cours, c’est en fonction de l’emploi du temps de l’élève, en favorisant le moment de la journée où il est le plus calme et ouvert.

Toujours en douceur, on commence à prendre contact avec l’élève. On stimule déjà les différents doigts par le toucher, l’appui, et en massant les doigts pour les fortifier.

Puis je commence à le guider et à l’accompagner dans de petits exercices avec un doigt, puis deux, jusqu’aux cinq doigts. C’est la base pour les petites comptines connues (Au clair de la lune, Frère Jacques, Do ré mi, la perdrix, Dansons la capucine, J’ai du bon tabac…) et c’est parti ! Prononcer et mémoriser les mots, c’est la joie, pour lui aussi bien que pour moi ! Un enfant autiste n’a pas d’accès aux mots, il découvre le monde par les images. C’est pour cela qu’utiliser la mémoire visuelle est très important. On peut d’ailleurs travailler avec de petites cartes qui signifient telle ou telle chose, exercice ou chanson, par exemple.

Je travaille au début sans partition et chante surtout les notes, avec l’élève si c’est possible. La lecture et le rythme peuvent venir plus tard…

J’alterne des phases de concentration et des phases de jeu et de plaisir. L’apprentissage est long, mais chaque progrès compte énormément.

L’élève va petit à petit prendre conscience de ses doigts, de ses mains puis de ses bras – une partie peut-être ignorée. Il va découvrir qu’avec ses doigts, il peut produire de la musique, ce qui lui procure un énorme bonheur et le fait rire en général !

Chacun avance à son rythme. Savoir exécuter une consigne peut durer et prendre beaucoup de temps, mais ici, et pour lui le temps ne compte absolument pas.

L’apprentissage se fait avec enthousiasme : on l’encourage, on le félicite, on le valorise, on le réconforte, un petit câlin… Il faut les rassurer, car ils sont capable de réussir, même si cela leur coûte un effort énorme ! C’est très difficile pour eux. Mais il faut prendre son temps et lui faire confiance. Au bout du compte, ils sont fiers d’eux.

On agit avec douceur et fermeté à la fois, car les enfants vous testent sans cesse ! Il faut garder leur attention, sinon ils partent et ils vous parlent d’autre chose, ils se lèvent du tabouret…

On guide l’enfant, on l’accompagne dans ses apprentissages, on soutient sa main, « main dans la main », jusqu’à obtenir qu’il fasse les mouvements lui-même, par reproduction d’abord, puis que ce soit une action volontaire de sa part ! Je travaille sur l’agilité des doigts (souvent le plus gros problème, car les doigts peuvent être très raides) avec des exercices adaptés… C’est pour cela que la technique pianistique est extrêmement bénéfique pour la psychomotricité fine !

L’élève ne travaille pas forcément les exercices à la maison, car il est guidé par moi. J’ai vu, même les enfants, qui ont un piano chez eux, ne jouent qu’une fois par semaine au cours ! Ce n’est donc pas nécessaire d’avoir un instrument à la maison, du moins au début.

En plus, ils ont une mémoire incroyable. Ils se souviennent de tout au cours suivant. Il ne faut surtout pas se tromper d’une note dans la mélodie, car c’est alors IMPOSSIBLE de l’enlever : c’est enregistré !

Actuellement, vous avez des élèves qui se trouvent dans cette situation, ou pas encore ?

À l’heure actuelle, j’ai un élève, Adrien, 8 ans qui est autiste. Évidemment, je voudrais travailler avec plus d’élèves quelque soit leur âge. La publicité est faite, j’ai même rencontré un éducateur et chef de service d’un établissement accueillant des autistes. Tout est en cours et je pense qu’on commence à en parler – heureusement, car la formation est récente et il n’y a pas encore beaucoup de professeurs formés. Pour les parents, qui ont peut-être l’habitude d’être refusés dans certaines activités, c’est nouveau d’avoir des activités spécialement dédiées à leurs enfants autistes, cela n’existe presque pas.

Alors chers parents, ne soyez pas surpris, donnez à votre enfant la possibilité de prendre des cours de piano  ! C’est  un enrichissement pour sa vie !

Je vous remercie, Alexandra, de m’avoir permis de parler de ces cours et j’espère qu’il y parmi des auditeurs des personnes concernées.

En plus de ces cours pour les personnes autistes, vous intervenez également dans une chorale qui intègre des personnes en situation de handicap. Ça veut dire que la musique et le chant sont des moyens d’oublier le handicap et d’aller de l’avant ?

Oui, j’ai un énorme plaisir à travailler avec ce groupe où se rejoignent des personnes trisomiques, autistes ou handicapées physiquement. Ils vous transmettent tellement d’émotions très fortes. Ce personnes sont très volontaires et je suis parfois surprise par leur courage.

Et puis, leur chorale est un lieu d’échange, un lieu où ils peuvent développer leur énergie. On travaille la mémoire des sensations pendant les exercices, ou des textes et mélodies. C’est un grand moment de plaisir, de bien-être également, et un moment qui fait oublier ses difficultés. La communication se fait dans une ambiance agréable, détendue, et on rigole beaucoup !

J’interviens pour un travail corporel, de posture, d’éveil, de relaxation, de prise de conscience de certains mouvements inutiles, mais aussi de projection de la voix parlée par exemple. Après, je fais travailler tout ce qui concerne la respiration en lien d’un côté avec le chant, mais aussi – et c’est très important – en lien avec la vie quotidienne, car c’est là où il y a des difficultés : parler à haute voix à une autre personne, dire clairement ce que l’on a à dire etc. Tout cela en fait partie. Puis je propose des jeux de rythme et de communication (du genre « Téléphone arabe »), puis on se met à chanter. Il faut déjà trouver la même note (pas si évident que ça !!!), puis on fait de petites vocalises. J’éprouve beaucoup de joie en tant que professeur dans ce cadre-là et ils me mettent très à l’aise.

La partie de chant est animée et accompagnée après par leurs deux animateurs : l’un est guitariste et l’autre chanteuse. Ensemble, ils forment une équipe formidable ! Bravo d’ici à Bruno et Charlotte pour s’être lancés dans cette belle aventure humaine.

Les chants sont choisis par tous, et c’est un plaisir de les voir et entendre : Le lion est mort ce soir, Manhattan Kaboul, Champs Élysées…

La chorale n’existe pas encore depuis longtemps et il y a encore beaucoup de choses à améliorer : mémorisation du texte, chanter juste etc., mais la motivation de chacun se ressent fortement et c’est cela qui va leur permettre d’avancer, en groupe mais aussi individuellement ! Chacun trouve sa place et est ainsi valorisé. J’ai d’ailleurs remarqué qu’ils s’entraident et se poussent pour arriver à surmonter une difficulté. C’est une assurance !

Les personnes ne sont pas si différentes de nous. Nous avons tous nos problèmes et difficultés, et chanter fait du bien à nous tous !

Si nos auditeurs souhaitent en savoir plus sur les différents cours et stage que vous proposez, comment peuvent-ils faire ?

J’ai créé un site internet et un blog où vous trouverez toutes les informations pratiques. N’hésitez pas à me contacter directement.

N’hésitez pas non plus à visiter le site de APTE autisme, il y a des vidéos, des concerts, un cours, etc. C’est très intéressant et cela parle de soi-même…

Dans l’avenir, est-ce que vous souhaitez développer tout ce travail que vous faites auprès des personnes autistes ou en situation de handicap ?

Ah oui, j’y ai pris goût, et ces personnes vous remercient tellement avec leur regard, leur sourire ! Cela n’a pas de prix pour moi de savoir que j’apporte du bonheur dans leur vie.

Je voudrais proposer un groupe pour faire de la musique avec des percussions, etc. et pour chanter, découvrir et utiliser la voix. J‘aimerais également intégrer à mon enseignement des cours pour des personnes malvoyantes et aveugles.

Travailler individuellement avec toute personne en situation de handicap, serait un plaisir pour moi, et c’est là aussi que je peux apporter de l’aide !

Trois liens intéressants:

http://www.apte-autisme.net/ (le site en général)

http://www.apte-autisme.net/2011/10/video.html (un cours de piano)

http://www.resonancecontemporaine.org/musique.php?rubrique_id=18 (Ensemble Les Percussions de Treffort)

« Interview-portrait » Radio Club Altitude 26/3/13 avec Alexandra Chaintreul

http://www.clubaltitude.fr/

Pour commencer est-ce que vous pouvez vous présenter à nos auditeurs et nous dire d’où vous êtes originaire ?

Je suis née en Allemagne pas loin de Koblenz en Rhénanie-Palatinat. J’ai ensuite vécu à Düsseldorf pendant mes études de musique. J’ai toujours voulu vivre dans un autre pays, et puis j’ai rencontré mon mari que j’ai rejoint en 1999 à Lyon. Depuis 2000 nous habitons à Charnay-lès-Mâcon.

Ça fait combien de temps que vous jouez du piano et que vous faites du chant lyrique?

J’ai pris mes premiers cours de piano à 7 ans. Il faut dire que je suis née dans une famille musicienne avec un père organiste et chef de chœur et une maman choriste (de tout son cœur). Mon frère, qui a 7 ans de plus que moi, jouait déjà du piano et de l’orgue, puis plus tard il a appris le hautbois et le clavecin. Dans cet « environnement » musical, j’ai tout naturellement appris la musique, en commençant par le piano.

En revanche, je n’ai débuté les cours de chant lyrique que bien plus tard – à 17 ans, au moment où j’avais pris goût au chant lyrique et où on m’a proposé d’intégrer des chœurs professionnels. Là, une formation de technique vocale était obligatoire, car je participais aux tournées et enregistrements.

Qu’est-ce qui vous a amenée au piano plutôt qu’à un autre instrument ?

En fait, j’ai joué de plusieurs instruments étant jeune : le premier instrument que j’ai eu dans les mains était une flûte à bec baroque – à cette époque, je baignais surtout dans la musique baroque sacrée. Cela m’a permis de me familiariser rapidement avec les notes et de jouer des mélodies. Puis, j’ai commencé le piano à 7 ans, et à 12 ans, j’ai pris des cours de violon, instrument dont j’ai joué pendant plusieurs années, notamment en orchestre.

Dans notre maison, il y avait beaucoup d’instruments et on touchait un peu à tous : il y avait une guitare, un orgue, un hautbois, plusieurs sortes de flûtes, et même des instruments moins courants comme l’harmonium ou une cithare, mais finalement, c’est le piano qui m’a le mieux convenu.

Je pense que je voyais – et je vois toujours – le piano comme un instrument « universel, complet » : il me permet de jouer avec d’autres musiciens, avec toutes sortes d’instruments, au sein de formations très variées, incluant la voix, mais aussi dans des associations plus rares et surprenantes, avec harpe ou percussion, par exemple. Je vous laisse imaginer toutes les combinaisons possibles, car le nombre de morceaux pour piano ou avec piano est immense !

Puis, quand on pense aux élèves de piano : ils se font souvent le plaisir de jouer à l’oreille leurs chansons écoutées à la radio ! Et puis, il y en a qui improvisent sur cet instrument et qui mettent toutes leurs idées et émotions dans ce qu’ils jouent…

Vous êtes également chanteuse lyrique. Est-ce que vous chantez seule, ou plutôt dans des ensembles ou des duos ?

J’ai chanté pendant longtemps dans des ensembles, puis, au fur et à mesure que j’ai travaillé ma voix, je me suis aperçue que c’était également un régal de chanter en tant que soliste. J’ai participé, par exemple, à des projets très intéressants avec accordéon, instrument qui se marie très bien avec la voix. J’ai aussi pris part à plusieurs spectacles de l’Atelier Lyrique du conservatoire de Mâcon.

Actuellement, nous sommes en train de préparer un spectacle au centre de la Voix avec un acteur…Affaire à suivre.

Vous êtes autodidacte ou est-ce que vous avez suivi une formation particulière pour apprendre tout ça ?

Non non, je ne suis pas complètement autodidacte, même si on travaille toute sa vie seul devant son instrument en cherchant des astuces pour progresser plus vite….

D’ailleurs, je ne pense pas qu’on puisse devenir professeur en se contentant de rester autodidacte. Personnellement, je suis toujours soucieuse d’être bien formée et d’appuyer mon enseignement sur des connaissances et des références… En ce qui concerne la voix, on est certes toujours en formation, mais j’essaie d’être très vigilante car la voix reste un instrument très particulier et fragile.

Alors pour chaque activité que je propose comme le piano, le chant ou le travail avec des autistes, soit j’ai obtenu un diplôme soit j’ai au moins suivi une formation spécialisée ou une formation est en cours, comme actuellement pour le chant en complément thérapeutique.

J’ai fait des études au conservatoire supérieur de musique de Düsseldorf – la « Robert-Schumann Musikhochschule ». Ce diplôme allemand me permet de travailler dans les conservatoires français comme professeur d’enseignement artistique.

Pendant les cinq années d’études nécessaires pour devenir professeur de piano, on apprend à travailler avec toutes sortes de publics, des élèves de très jeune âge (vers 4 ans) jusqu’aux adultes voir seniors. La formation est très bien faite et je suis vraiment contente d’avoir appris tout ça, parce que ces études m’ont permis d’avoir de solides bases pour tout ce que je propose aujourd’hui.

Quand je suis arrivée en France, je me suis adressée tout de suite au conservatoire de Mâcon et j’ai travaillé avec le ténor Jan-Marc Bruin jusqu’à l’obtention de la Médaille d’Or et le Diplôme d’études musicales avec mention très bien en 2009.

Depuis, je poursuis ma formation au centre de la Voix Rhône-Alpes à Lyon, où je suis l’élève de la directrice et de la soprano Isabelle Eschenbrenner. Elle m’a donné le goût de devenir professeur de chant, et elle m’a toujours motivé pour faire des stages. Il est vrai que j’ai déjà fait des études pédagogiques concernant l’enseignement du piano, ce qui aide énormément !

J’ai également travaillé lors de masterclass avec différentes personnes, j’ai écouté des professeurs dans des conservatoires, et puis je me suis lancée et j’ai beaucoup appris en donnant des cours. Au bout du compte, c’est en apprenant aux autres et en travaillant avec des personnes en difficultés qu’on apprend le mieux. Mais il faut être compétent, c’est le plus important pour moi et je cherche à l’être.

Finalement, je m’épanouis autant que les élèves et c’est aujourd’hui un énorme plaisir de les faire progresser ! Je suis professeur de tout mon cœur et ce métier que j’avais déjà choisi à 15 ans me passionne toujours !

Aujourd’hui, en plus de votre carrière artistique, vous proposez des cours de chant thérapeutique. Vous pouvez nous expliquer en quoi cela consiste ?

Je tiens d’abord à préciser que le chant thérapeutique que je propose actuellement est un complément aux séances orthophoniques – si il y en a. J’ajoute que je ne suis ni médecin et ni orthophoniste et que mes cours ne peuvent pas remplacer le diagnostic du médecin, ni remédier aux problèmes qui doivent être traités que par le médecin !

De temps en temps, je rencontre des choristes ou chanteurs amateurs avec des difficultés vocales : c’est là que je me suis demandé comment aider ces personnes.

Par mon expérience et de mon point de vue de professeur de chant, je peux vous dire que, par exemple, si on est choriste ou chanteur amateur, le fait de travailler avec un professeur qui guide permet d’acquérir une bonne technique vocale saine : il s’agit avant tout de ne pas forcer, de chercher et de trouver l’équilibre entre l’émission du son et la respiration, de sentir le contact avec son propre corps afin de trouver à terme son propre timbre naturel.

Les problèmes vocaux peuvent avoir différentes origines : parfois on force sur la voix et elle est trop tendue, ou bien on respire mal et on manque de soutien. Ces problèmes se rencontrent aussi bien en chantant qu’en parlant. D’ailleurs, certains enseignants ont la voix qui se fatigue rapidement, et les personnes souffrant de bégaiement ont souvent du mal à maîtriser leur respiration.

A propos du bégaiement : Très récemment, j’ai vu dans l’émission « The Voice » un chanteur qui était bègue : la manière dont il maîtrisait sa voix était impressionnante, on entendait qu’il avait eu des cours de technique vocale. Cela m’a convaincue d’aller dans cette direction et d’aider les personnes qui souffrent véritablement de leur handicap, mais ne bégaient pas en chantant.

Pour tous ces cas très différents, je propose des exercices adaptés en mettant l’accent sur la posture, les techniques de relaxation, les exercices de respiration abdominale, l’étude de l’articulation, de la voix parlée et chantée. Les exercices traitent vraiment des problèmes spécifiques et fortifient la voix : mieux on se sert de sa voix, plus elle est tonique ! Et plus elle « tient le coup » !

Pour l’instant, je suis en début de formation, je suis des stages au Centre de la Voix et à l’université de Lyon, qui touchent à la phoniatrie. Je lis également beaucoup sur le sujet.

Curieuse de nature, je me forme constamment et je contacterai encore des personnes compétentes qui peuvent m’apprendre à rééduquer la voix – sujet quand même très délicat.

Et je le redis, je n’hésiterai ni à envoyer les personnes chez un médecin, ni à demander conseil.

Vous donnez également des cours de piano et de chant lyrique. A qui s’adressent ces cours ?

Les cours de piano s’adressent à tous : enfants – même de très jeune âge (4-5 ans), ados, adultes et même seniors. Les seniors sont tellement actifs aujourd’hui qu’il y en a qui se « lancent » dans l’apprentissage du piano, ou qui reprennent le piano, et c’est justement LE moment où on est disponible.

Le chant lyrique s’apprend généralement plus tard, donc mes cours s’adressent plutôt aux adultes amateurs et aux choristes.

De toute façon, je prends les élèves à zéro et je les conduis selon leurs souhaits jusqu’au niveau qu’ils peuvent atteindre…

Vous faites aussi un atelier de Formation Musicale pour chanteurs, vous pouvez nous en dire plus là-dessus ? 

À la rentrée 2013, j’ai mis en place une « Formation Musicale pour chanteurs solistes et choristes » – projet que j’ai depuis un certain temps déjà.

Je me suis rendu compte que souvent les chanteurs ne jouent pas d’un instrument. Leurs partitions sont parfois au-delà de leurs « compétences solfégiques » et ils ont du mal à coordonner la voix, les notes et le TEXTE qui peut même être dans une autre langue ! C’est d’ailleurs, la spécificité du chanteur !

Ce cours me fait particulièrement plaisir, car étant à la fois pianiste, soprano, ancienne choriste professionnelle, je voulais « marier » mes connaissances, mes compétences et mes expériences dans un seul cours.

Concrètement, il y a jusqu’à 8 élèves dans le groupe, ce qui permet un travail adapté aux besoins de chacun et en inter–activité en groupe. Chaque élève peut apporter la partition avec laquelle il rencontre des difficultés, et les autres en profitent également.

Ce cours contient le travail « traditionnel » du solfège, du rythme, la lecture de notes, un peu d’écriture. Il y a également une partie consacrée à l’application pratique au piano de ce que l’on a appris en théorie, et une partie consacrée au travail vocal en prenant pour point de départ la question suivante : comment échauffer sa voix tout seul?

Juste pour dire : je trouve que l’application au piano est pour moi particulièrement importante, même pour ceux qui ne jouent pas de piano, car cela permet à chacun d’avoir quelques bases qui peuvent ensuite être très utiles pour apprendre sa propre partie de chant. De plus, l’apprentissage se fait bien naturellement en pratiquant. Quand on est adulte, on n’a pas de temps à perdre et il faut que l’apprentissage soit efficace !

En général, je donne des outils pour travailler d’une façon autonome, car il y a aussi des choristes qui font partie d’un projet choral et qui doivent préparer seuls leurs partitions.

Si nos auditeurs souhaitent en savoir plus sur vos différents cours, comment peuvent-ils vous contacter ?

Sur mon site www.susannelafont.fr : attention ! susanne à l’allemande avec « s » au milieu ! – pianiste-pédagogue-soprano, vous trouverez dans la rubrique « contact » mes coordonnés ainsi que mon mail. N’hésitez pas à m’appeler pour avoir des renseignements plus précis.

Avant de se quitter, est-ce que vous pouvez nous dire si nos auditeurs pourront vous applaudir sur scène prochainement ?

Je participe fin mai à un concert avec l’ensemble à cordes « Archets pour un espoir » où je chanterai de la musique baroque.

Je prépare également un concert en duo avec une harpiste de Paris. Nous travaillons un programme rarement donné et nous envisageons d’utiliser un instrument d’époque, le clavecin ou le pianoforte –  mais tout est en cours…

Finalement, quels sont vos souhaits et projets pour les mois à venir ?

Ce qui me tient personnellement à cœur est mon travail avec des personnes en situation de handicap et des personnes souffrant de problèmes vocaux.

Pour ces deux activités, j’ai déjà établi quelques contacts avec des orthophonistes, un professeur de chant à Paris qui a des années de pratique, ou des éducateurs pour les autistes, mais j’aimerais bien renforcer ces contacts afin de travailler efficacement et main dans la main. Alors, si vous pouvez vous imaginer de travailler avec moi, n’hésitez pas de m’appeler !